vendredi 12 juin 2009

Exposer à droite - La polémique

Traditionnellement les cellules qui mesurent la lumière pour pouvoir déterminer l’exposition d’une photo sont calées sur le « gris 18 % ».

Chaque surface sensible (pellicule ou capteur numérique) a besoin d’une quantité fixe et immuable de lumière qui lui est propre pour être exposée correctement. Par contre, la quantité de lumière qui éclaire la scène photographiée est très variable. La mesure de cette lumière permet donc de faire les ajustements nécessaires pour amener sur la surface sensible juste la quantité qu’il lui faut sans que cette surface ne soit ni éblouie, ni à l’inverse victime de cécité.

Lorsque l’on a choisi ce gris 18 % le problème était vraisemblablement d’exposer correctement la plupart des photos en vogue à cette époque, c’est à dire des portraits en plein air sur fond de paysage.
Cela a-t-il vraiment changé ?

Le gris 18% permet d'avoir un visage (avec une peau de type caucasien) bien visible car plutôt claire sur un fond exposé pour donner une luminosité moyenne.

Après le procédé argentique est arrivé le numérique qui dès sa naissance a montré deux faiblesses :
- sa tendance à faire des fichiers qui contiennent beaucoup de bruit parasite dans les zones sombres
- et des zones trop claires qui sont percées et donc d’un blanc uniforme où tous les détails sont irrémédiablement perdus.

Les sujets photographiés ont aussi beaucoup changés et se sont énormément diversifiés. Le visage à la peau blanche cède maintenant souvent sa place à des insectes à carapaces noires et brillantes, des carrosseries au rouge claquant, des portraits en clair obscur, des paysages enneigés, des scènes de nuit, etc.

Le sujet principal étant donc devenu parfois soit très sombre soit très clair l’exposition calculée sur un gris moyen ne peux plus être la solution qu’on utilise systématiquement même si statistiquement elle reste valable le plus souvent.

Il faut noter au passage un cas où elle est très utile. En effet, certaines couleurs déjà très saturées même en faible luminosité changent carrément de teinte si on les éclaircies.
Par exemple, la couleur orange obtenue avec 255/255 unités de Rouge pour 127/255 de Vert et aucune en Bleu (0/255), vire à la couleur saumon si on l’éclaircie puisque le Rouge plafonne à son maximum 255/255 alors que le Vert passe par exemple à 190/255 et que le Bleu fait son apparition avec 127/255. Comme on le constate la proportion entre les couleurs est dans ce cas faussée par l’éclaircissement.

En calant l’exposition au centre avec le gris 18 % (c'est à dire un gris réfléchissant 18 % de la lumière qu'il reçoit) on s’assure que les tons moyens seront bien exposés et les teintes parfaitement respectées. Mais on prend le risque que des zones essentielles pour la lecture de l’image, très sombres ou très claires, débordent de ce que peut enregistrer le capteur et deviennent toutes noires ou toutes blanches.

Dans ce cas là, le créateur de la photo peut choisir délibérément quelles teintes claires seront placées à la limite extrême des possibilités du capteur. Les teintes encore plus claires de la scène seront donc toutes transformées en aplat blanc sur la photo. Par exemple l’ampoule sera toute blanche mais l’applique conservera tous ses détails visibles sur la photo finale.
Ainsi le photographe conserve la maîtrise de sa création au lieu de la confier au hasard.
C’est la technique du « exposer à droite ».
En pratique, on choisi visuellement dans les zones les plus claires de la scène photographiée la limite que l’on veut préserver et au delà de laquelle tout sera traduit par un blanc uniforme. On mesure cette zone limite avec le fin faisceau de la « mesure spot » pour ne pas déborder et on surexpose d’environ 2 indices de luminescense selon les capteurs.

Le « gris 18 % » et « l’exposer à droite » sont deux outils au service du photographe. A lui de s’en servir à bon escient selon le travail qu’il veut accomplir. Pas de quoi polémiquer.

1 commentaire:

Lechove a dit…

salut Gé,

c'est bien là qu'on voit les limites du systéme et que tout n'est toujours qu'une question de compromis,et, comme tout compromis qui se respecte,il y aura toujours un coté défavorisé sois les HL soit les BL, vive le bracket.
Amicalement